À la nuit tombée, près des lavoirs, on croirait entendre des bruits… Au XIXe siècle, la légende des lavandières de la nuit terrorise plusieurs régions de France dont la Bretagne.
Hululement, bruits de pas, crissements, vent qui souffle, autant d’indices annonciateurs de ces revenantes « condamnés à revenir sur terre pour laver le linge de l’enfant qu’elles ont tué », décrivait Georges Sand en 1858 dans son ouvrage Légendes rustiques.
Ni tout à fait fantômes, ni réellement fées, elles sont souvent représentées et décrites comme des femmes âgées ou sous l’apparence de jeunes créatures fragiles, au peu pâle vêtues de lin blanc. Ces êtres hantent les lavoirs et autres points d'eau. Il ne fait pas bon croiser ces « dames de la nuit ». La rencontre se fait souvent tard dans la nuit, au retour du travail ou après une visite chez un voisin, le plus souvent le soir de le Toussaint ou la veille de la fête des morts. Elles peuvent vous maudire ou se venger immédiatement en vous attrapant par les bras pour mieux les briser. Si elles vous proposent de les aider à essorer le linge et que vous refusez, elles pourraient vous entrainer au fond de l’eau.
En breton, la lavandière de la nuit est nommée la kannerez noz. Dès le 18e siècle, c’est Jacques Cambry qui atteste les légendes des lavandières de la nuit en Bretagne et précise dans son ouvrage Voyage dans le Finistère, ou État de ce département en 1794 et 1795. T. 1 :
« Les laveuses ar cannerez nos, (les chanteuses des nuits) qui vous invitent à tordre leurs linges, qui vous cassent le bras si vous les aidez de mauvaise grace, qui vous noyent si vous les refusez, vous portent à la charité ; etc. etc. »
En Bretagne, selon les légendes, les lavandières sont des revenantes parfois vêtues de blanc ou sous les traits de créatures surnaturelles apparaissant sous forme humaine.
Dans Le Foyer Breton, Emile Souvestre brosse le portrait « d’une messagère de l’hiver » qui apparait lors du « mois noir » ( mois de novembre, miz-du en breton).
La lavandière de la nuit apparait également dans d’autres pays d’Europe.
Pour une immersion au plus près de la légende, écoutez le podcast « Les lavandières de la nuit » disponible sur France Culture.
Sources des illustrations utilisées en haut de page (de gauche à droite) :
La Mort : [estampe] ([État avec la lettre]), 19e siècle, Bibliothèque nationale de France, département Arsenal, EST-203 (198).
La Mort : [carte à jouer, dessin], 1475-1500, Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie, RESERVE BOITE ECU-KH-24
A MORT, Toi qui scais le remde à toutte maladie,.... : [estampe] ([État avec la lettre]), Langlois, 1629-1647, Bibliothèque nationale de France, département Arsenal, EST-203 (195)
[Tête de mort posée sur une tablette] : [estampe], 17e siècle, Bibliothèque nationale de France, département Arsenal, EST-203 (197)
Source illustration vignette :
LES LAVANDIÈRES DE LA NUIT
Yan'DARGENT (1824-1899)
1861
Musée des Beaux-Arts de Quimper